Puja Changoiwala est intervenue dans le cours d’André Kaenel à Sciences Po Nancy le vendredi 8 novembre de 15h30 à 17h30. Ce cours dispensé en anglais porte sur la spectacularisation de la pauvreté et met l’accent cette année sur trois films, dont Slumdog Millionaire (2008), qui était justement au programme ce jour-là. La séance a débuté par une présentation par deux étudiantes d’un article universitaire dénonçant le néo-libéralisme qui sous tendrait la vision des « slums » de Mumbai et de leurs résidents dans le film de Danny Boyle. Dans la discussion, Puja est intervenue pour exprimer ses réserves au sujet du film et dialoguer avec les étudiants. Dans un deuxième temps, elle a lu les extraits de Homebound dans lesquels Meher, la jeune narratrice du roman, dresse un portrait de son domicile, les « slums » de Dharavi à Mumbai, qu’elle a quittés avec sa famille pour rejoindre leur village natal dans le Rajasthan. Sa vision de l’intérieur met l’accent sur la solidarité et le dynamisme qui caractérisent les résidents de Dharavi (« a factory of the human spirit » selon Meher), en dépit d’une pauvreté extrême qui fait l'objet d’une industrie touristique (« poverty safari ») par ailleurs dopée par le succès planétaire de Slumdog Millionaire. Le point de vue surplombant, misérabiliste et réducteur du film en est ressorti avec d’autant plus de clarté pour les étudiants dont les questions ont porté, entre autres, sur les effets du néo-libéralisme en Inde, la politique du Premier ministre Modi, la société indienne et le travail journalistique de Puja.