Puja Changoiwala, auteure en résidence ARIEL à l’Université de Lorraine, était l’invitée d’honneur le 8 octobre 2024 lors du symposium ‘Surveillance numérique de masse, l’intelligence artificielle et droits humains’. Ce symposium a été organisé par Law and Humanities, dont les membres sont affiliés au CERSA (Le Centre d’Études et de Recherches de Sciences Administratives et Politiques (CERSA - UMR 7106 - CNRS/Université Panthéon-Assas), avec le soutien d’ETHICS (EA 7446) et de leur centre de recherche interdisciplinaire CEThicS, affilié au « Surveillance Studies Network ». Le symposium a eu lieu dans la salle Collinet au Centre Sainte Barbe de l’Université Paris-Panthéon-Assas.
L’idée du symposium découle d’un article rédigé par Changoiwala intitulé “Can an AI fact-checker solve India’s fake news problem?”. Dans cet article, Changoiwala insiste sur le fait que les moyens de communication modernes servent à partager l’information et le savoir, et qu’ils doivent être utilisés de manière judicieuse. En suivant cette même réflexion, l’organisatrice du symposium Suhasini Vincent (MCF-HDR) de l’équipe d’enseignants-chercheurs Law and Humanities a lancé un appel à communications pour étudier les interactions entre le droit, la politique, l’économie et la littérature.
Dans son discours inaugural, Changoiwala a fait référence au dialogue interactif du Conseil des droits de l’homme qui vise à renforcer l’accès universel à l’environnement numérique en tant que droit humain. Étant donné que 67% de la population mondiale, c’est-à-dire environ 5,5 milliards de personnes sur la planète utilisent internet, Changoiwala a averti son auditoire que nous faisons face à la sombre ironie de la mondialisation. Elle a constaté que les 64 pays qui ont organisé des campagnes électorales en 2024 ont tous pris des mesures pour ralentir la vitesse d’internet et contrôler le récit numérique de différentes manières en limitant l’accès à internet. Dans son discours inaugural de 30 minutes, elle a donné un aperçu général du rôle des médias sociaux dans les campagnes électorales et des avantages et des inconvénients de la censure gouvernementale imposée sur le web mondial : la coupure d’internet d’une semaine en Iran en 2019 ; le contrôle excessif de l’infrastructure numérique et le blocage de l’accès à TikTok par le gouvernement azerbaïdjanais en 2023 ; les coupures internet dans l’État africain du Gabon en 2023 ; la répression des manifestations post-électorales en perturbant l’accès à internet dans l’archipel des Comores; la censure d’Internet lors du Printemps arabe en 2010 ; les restrictions d’Internet au Togo pendant les élections en 2024 ; et les restrictions sur les médias sociaux en Chine. Changoiwala a qualifié les guerres et les manifestations actuelles de « manifestation violente du pouvoir », en faisant référence au massacre de Zahedan en Iran en 2022 et au conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Le discours de Changoiwala a donné le ton aux 14 communications (français/anglais) présentées par des universitaires de différentes universités en France. Ces interventions ont exploré l’impact de l’IA sur les droits humains dans un contexte mondial (UE/Royaume-Uni/États-Unis/Pays du Commonwealth - la désinformation, les biais algorithmiques et l’éthique des lanceurs d’alerte ; l’IA générative et la sécurité en question ; l’IA et la surveillance panoptique ; l’IA générative, la protection des données et les nouvelles politiques réglementaires.
Ces communications qui ont privilégié une perspective interdisciplinaire seront publiées par Les Éditions Panthéon Assas. Ce projet s’aligne avec les publications précédentes de l’équipe Law and Humanities du CERSA. Les chercheurs qui contribuent à cette édition proviennent de l’Université Paris-Panthéon-Assas, de son établissement-composante l’ISIT, ainsi que d’autres universités publiques françaises présentes sur le portail web Univ-Droit.
En tant que journaliste qui soutient le droit humain à l’information, qui enquête, qui analyse et qui vise à informer, et exposer, Puja était la conférencière idéale pour le symposium. En tant qu’auteure en résidence dans le cadre du programme ARIEL, elle a fait la liaison entre la région Grand Est et les universités parisiennes. Le projet ARIEL d’auteure en résidence est ainsi un catalyseur pour promouvoir la recherche, encourager le débat, la discussion et les relations internationales à travers un échange d’idées.
Suhasini Vincent (MCF-HDR), Université Paris-Panthéon-Assas
