Jeudi 19 octobre, Slata Roschal a pu échanger avec les élèves des classes préparatoires littéraires du lycée Henri Poincaré à Nancy lors d’une rencontre organisée par Apolline Badlou et Pauline Fischer, deux élèves d’Hypokhâgne. Cet échange de questions-réponses en français et en allemand a pu être accessible à tous grâce à l’interprétariat assuré par l’équipe ARIEL.
Dès le début de la rencontre, l’auteure exprime son plaisir de voir l’intérêt d’un public jeune pour son œuvre. Viennent ensuite les premières questions des étudiants où la notion de « Nichtsein », au cœur des interrogations de traduction de l’ouvrage, prend une place importante. « Est-ce que, finalement, écrire sur la non-existence n’est pas une manière de se prouver qu’il y a une existence ? » L’écrivaine reconnaît qu’au terme de ces « 153 fragments de non-existence » on obtient en effet un objet tangible, ce livre. « Pourquoi est-il séparé en 153 fragments ? » D’abord la volonté d’un nombre « imparfait », en accord avec la protagoniste et avec un récit d’immigration que l’autrice a voulu différent de ceux en vogue dans la littérature allemande. Une imperfection en accord aussi avec la langue employée dans l’ouvrage, également objet de questionnements de la part des élèves. Parfois en russe, parfois en allemand, l’autrice passe d’une langue – et peut-être d’une identité – à l’autre et tient à garder les « fautes » de grammaire de sa langue orale qui font partie intégrante du texte. « Mais s’agit-il donc d’un roman autobiographique ? La protagoniste incarne-t-elle l’auteure ? » Une question délicate pour Slata Roschal, qui n’aime pas voir en son œuvre quelque chose d’autobiographique mais simplement le résultat d’inspirations de ce qu’elle connaît le mieux : ses expériences personnelles. Oui, la protagoniste est une femme, germano-russe, car cela est ce que Slata Roschal vit. L’auteure indique ne pas pouvoir envisager l’écriture d’un récit du point de vue d’un personnage masculin, par exemple, bien que de nombreuses auteures l’entreprennent avec brio. Cependant, le texte est le texte, le réel est le réel, et celui-ci ne peut être contenu de quelconque manière.
Parmi les inspirations de l’auteure, on compte également ses lectures ! « Quelles seraient vos recommandations littéraires ? » Que ce soit en poésie ou en prose, dont Slata Roschal présente quelques ouvrages qui lui parlent particulièrement, l’auteure nous encourage à découvrir les petites maisons d’éditions indépendantes et à soutenir la jeune création, à sortir des sentiers battus et du marché littéraire mainstream. A la fin de cet échange riche et divers au cours duquel ont autant été abordés l’œuvre de Dostoïevski que le féminisme, l’auteure reste ouverte à la discussion avec les élèves.
Ecriture, identité et langue... Autant de thèmes passionnants que Slata Roschal continuera d’explorer et de discuter au cours des évènements dans le cadre de sa résidence nancéienne !
Article : Mathilde Gaugler, M2 Bilangue Biculture Culture et Tourisme
Photos : Léonor Bourger, M2 Bilangue Biculture Culture et Tourisme