Ou comment écrire une carte postale à partir d’une plante ?
Le 21 janvier 2023, nous nous rendions au Jardin Botanique de Villers-lès-Nancy pour un atelier important dans le séjour de Jan : l’atelier carte postale. En effet, Jan ayant écrit deux tomes de Postcard Stories, il nous semblait important de suivre cet évènement. Ce jour-là, nous avons été accueillis par la neige, qui recouvrait le parc d’un beau manteau blanc.
Pour lancer la rencontre, Jan Carson s’est d’abord présentée au public. A 43 ans, elle se rappelle alors sa jeunesse dans les bibliothèques, un moyen pour elle de s’échapper des troubles nord-irlandais dans les années 80. Elle a ensuite lu quelques unes de ses Postcard Stories préférées liées à la nature, ensuite lues dans leur version française par une étudiante bénévole d'ARIEL. Jan n’est pas étrangère aux jardins botaniques. En effet, en 2017, elle a déjà été artiste en résidence au Jardin botanique de Belfast, connu pour ses anciennes serres victoriennes. Elle avait profité de cette résidence pour organiser des ateliers avec des jardiniers, des résidents du quartier et des jeunes, où chacun devait se rappeler un souvenir en lien avec le jardin botanique, comme un premier baiser, ou la première fois où chacun avait un peu trop bu.
Jan nous a alors expliqué que le plus important pour écrire était de s’attacher à un souvenir, une odeur, une image. Nous avons donc essayé de nous raccrocher à des souvenirs, en visitant les serres du jardin botanique, puisque ce dernier était fermé à cause de la neige. Malgré le froid, nous avons vite enlevé nos manteaux car la température dans les serres atteint vite 40° Celsius.
Nous avons visité les différentes pièces, en mettant à l’épreuve nos 5 sens : la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat ET le goût. Pour la vue, il nous a été facile de contempler les très nombreuses plantes présentes. C’était le cas par exemple des plantes carnivores, qui nous semblent gigantesques, alors que les plus grandes espèces ne mesurent qu’un mètre de haut. Nous avons aussi vu des bananes, qui relèvent toutes du même spécimen depuis leur existence. Chaque variété de banane vient d’une seule et même banane. Concernant le toucher, nous avons découvert des plantes sensitives. Il suffit de les effleurer d'un doigt pour qu’elle se referment, comme par un mécanisme de défense. Pour l’ouïe, nous avons pu écouter les plantes, bien qu’aucun de nous ne parle leur langage. C’est exactement le contenu de l’une des Postcard Stories, dont nous vous invitons à lire le passage. Nous avons ensuite éveillé notre odorat, avec les nombreuses odeurs d’humidité et de plantes, ou de citron, puisque le jardin botanique possède également des citronniers. Enfin, nous avons goûté. Dubitatifs, nous avons eu du mal à y croire. Mais c’était bien vrai, nous avons goûté. La guide nous a tendu à chacun une petite feuille à mâcher. On aimait, ou on n’aimait pas : l’appréciation de la coriandre est génétique.
En manque d’inspiration pour notre carte postale, nous sommes allés sonder Isabelle, une retraitée colombienne qui semblait trouver de l’inspiration partout. A chaque plante, chaque passage des serres, Isabelle parvenait à faire un lien, aussi infime soit-il, avec le monde extérieur, avec ses souvenirs, ou même avec des plantes alentour. Ainsi, en partant de la plante dansante, le Desmodium Gyrans, Isabelle a imaginé un dancing. Son aide nous a été d’une grande utilité pour écrire nos cartes postales, même si chaque pas fait dans les serres était une source d’inspiration évidente. Nous avons ensuite croisé Dominique, qui était subjugué par les dessinatrices venues capter des plantes dans leurs aquarelles.
Une fois revenus dans la salle principale, nous étions pris par le temps, et Jan a donné quelques conseils pour écrire une carte postale aussi personnelle qu’intemporelle, puis nous nous sommes tous promis de nous redonner rendez-vous pour nous lire nos histoires.
Nous tenions une dernière fois à remercier les personnes qui ont fait le déplacement pour suivre l’atelier, ainsi que le personnel du Jardin Botanique, situé 100 rue du Jardin Botanique à Villers-lès-Nancy, pour leur chaleureux accueil. Le Jardin Botanique est accessible depuis le Tempo 1 et le C3.
Thomas CHIAROZZO, L2 Histoire, et Pauline DILLENSCHNEIDER, L1 Etudes Culturelles