153 formes de non-existence en exposition à l'IUT Charlemagne

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Slata Roschal

Jeudi 30 novembre, les étudiants en BUT Infocom pub & Infonum et Métiers du livre de l’IUT Charlemagne ont pu présenter à Slata Roschal l’exposition autour de l’œuvre 153 Formen des Nichtseins, imaginée dans le cadre de leurs cours d’allemand. Tour à tour, les élèves ont pu chacun présenter à l’autrice leurs posters accrochés dans la BU de l’IUT. L'exposition intitulée «X Formen des Nichtseins », visible jusqu’au 21 décembre, consiste en plusieurs posters et textes rédigés par les étudiants en allemand et en français sur des moments de leur vie leur ayant fait ressentir ce sentiment de « Nichtsein » exploré par l’autrice dans son roman. Moments de solitude, sentiment d’être incompris, mis de côté : l’exposition se révèle hautement personnelle et a beaucoup touché l’autrice, qui y la voit comme une continuation de son roman, une conséquence logique à ces 153 fragments initiaux auxquels viennent maintenant s'ajouter les expériences des étudiants nancéiens.

Après cette présentation de l’exposition, les étudiants ont pu profiter d’un échange avec l’autrice qui s’est révélé très riche.  

Difficile de décrire l’œuvre en seulement trois mots, mais c’est pourtant la première chose demandée par un étudiant. L'autrice s’essaye alors à l’exercice. Ressortent ainsi « transparence », « solitude » et « Sinnhaftigkeit », soulignant l’envie de faire quelque chose qui a du sens.

L’écriture d’un roman est toujours faite de hauts et de bas. L’autrice traverse évidemment des périodes de doutes et ce, pour chaque livre qu’elle écrit. Le processus d’écriture et de correction semble parfois interminable, mais la sensation est positive quand le livre sort enfin. Le plus long, selon elle, n’est pourtant pas forcément l’écriture du livre mais la recherche d’une maison d’édition acceptant son manuscrit. Appréciant l’aspect collectif de l’édition d’un livre, qui permet non seulement de rendre le texte meilleur mais aussi d’apporter toute la dimension marketing nécessaire à sa vente (indispensable si l’on souhaite vivre de son travail), l’autrice ne s’est pas tournée vers l’autoédition.

Slata Roschal révèle que 153 Formen des Nichtseins n’aura pas de deuxième tome, bien que le roman continue de s’écrire, en quelque sorte, avec cette exposition. Même si ses prochains ouvrages aborderont également l’expérience de la non-existence et de la solitude, l’autrice ne veut pas que tout tourne autour du « Nichtsein ». Elle fait cependant interagir ses œuvres entre elles : on retrouve ainsi des fragments de son roman dans certains de ses recueils de poèmes. L’autrice indique qu’elle ne souhaite pas réécrire de roman comme 153 Formen des Nichtseins, avec une narratrice, des personnages, dans une écriture « classique ». Ses prochaines œuvres seront plus lyriques, plus proches de la poésie que du roman.

Après avoir parlé édition et écriture, Slata Roschal a dû, comme les étudiants dans l’exposition, parler encore un peu de son expérience du « Nichtsein ».

Elle confie s'être sentie la plus comprise à l’école maternelle, où la vie semblait peut-être plus simple. Les enfants colorient, peignent, jouent. C’est d’ailleurs dès l’enfance qu’elle a su qu’elle souhaitait écrire des livres. Cependant, l’âge adulte lui permet de choisir aussi les espaces dans lesquels elle évolue, ses ami.e.s.

L’autrice revient également sur l’aspect autobiographique de ses œuvres. Seraient-elles vues comme plus intéressantes si l’autrice les disait tirées de faits réels ? Elles le sont en quelque sorte, puisque inspirées par les expériences de l’autrice, mais comme déjà dit dans d’autres échanges au cours de sa résidence, il est toujours possible de retravailler l’écrit, on peut changer la perspective, la langue du texte, mais le réel est un moment unique et vécu. De cette manière, l’écriture et le réel seront toujours intrinsèquement différents pour Slata Roschal.

Enfin, l’expérience en France, alors qu'elle ne parle pas la langue et est étrangère à la culture, n’est pas simple pour l’autrice germano-russe. Cependant, elle souligne qu’en tant qu’invitée, et non ici pour rester dans la durée, sa situation est plutôt privilégiée. Elle raconte également qu’elle se sent plus russe qu’allemande en France, les cultures étant, selon elle, plus proches. Elle mentionne notamment les similitudes entre les langues et la mode vestimentaire. L’autrice n’a pas acquis les deux cultures (russe et allemande) de la même manière mais elle indique être autant allemande que russe et prendre un peu des deux cultures suivant le domaine (pour les vêtements, ce serait la Russie !).

En tous cas, le début d’année prochaine s’annonce chargé pour Slata Roschal avec la réédition de 153 Formen des Nichtseins dans un format plus abordable en janvier, et la publication en février d’un nouvel ouvrage, Ich möchte Wein trinken und auf das Ende der Welt warten aux éditions Ullstein.

Mathilde Gaugler, M2 Bilangue-Biculture

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