L'auteur

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Distinctions et prix
Finaliste du projet "Beyrouth 39", Hay Festival, 2009.
Nomination au "Best Translated Book Award", avec Kareem James Abu-Zeid, pour Nothing More To Lose, 2015.
Nomination au "Banipal Prize for Arabic Literary Translation", avec Kareem James Abu-Zeid, pour Nothing More To Lose, 2015.
Nomination au "Derek Walcott Prize", avec Kareem James Abu-Zeid, pour Exhausted on the Cross, 2022.
Sélectionné pour le "PEN Award for Poetry in Translation", avec Kareem James Abu-Zeid, pour Exhausted on the Cross, 2022.
Gagnant du "Sara Maguire Prize", avec Kareem James Abu-Zeid, pour Exhausted on the Cross, 2022.
Gagnant du "Cilento International Poetry Prize", 2023.
Sélectionné pour le "Prix Mallarmé étranger", avec Abdellatif Laâbi, pour Tu n’es pas poète à Grenade, 2024.
Sélectionné à nouveau pour le "PEN Award for Poetry in Translation", avec Kareem James Abu-Zeid, pour No One Will Know You Tomorrow, 2025.
Né à Jérusalem en 1978, Najwan Darwish est un poète, un journaliste et un critique littéraire palestinien. Durant sa jeunesse, il se rend à Amman, en Jordanie, pour étudier le droit. Peu de temps après avoir obtenu son diplôme, il décide d’abandonner ce domaine, afin de se consacrer davantage à la culture. Entre 2006 et 2012, il travaille pour le journal libanais Al-Akhbar. Pendant ces années, il collabore à la mise en place de nombreux projets culturels et artistiques de la région, parmi lesquels figure aussi Palfest, le célèbre festival de la littérature palestinienne organisé chaque année, depuis 2008, par la romancière Ahdaf Soueif. En 2009, il fonde à Jérusalem une petite maison d’édition qui a pour but de publier des ouvrages de fiction et, au cours des années suivantes, il participe à la fondation d’Al-Araby Al-Jadeed, une plateforme électronique d’information basée à Londres, dont il assurera le rôle de responsable de la section culturelle jusqu’en mars 2025. Cette expérience lui permettra également de jouer un rôle capital dans le champ du journalisme et de soutenir toute une nouvelle génération d’acteur·ice·s culturel·le·s venant de l’ensemble de l’aire arabophone.
Considéré en 2014 par The New York Review of Books comme l’un des « poètes arabes contemporains les plus importants », Najwan Darwish publie son premier recueil de poèmes, intitulé Kān yaduqq al-bāb al-aḫīr ("Il frappait à la dernière porte"), en 2000. Son deuxième recueil, Rasāʾil min surrat al-arḍ ("Lettres du nombril de la terre") est publié en 2011, rapidement suivi par d’autres ouvrages, tels que Sa-aqif yawman ("Je me lèverai un jour", 2012) et Fabrications - Fabricaciones - Fabraka ("Fabrications", 2012). D’autres recueils de l’auteur publiés en arabe s’intitulent No eres poeta en Granada - Lasta šāʿiran fī Ġarnāṭa ("Tu n’es pas poète à Grenade", 2018), Kullamā iqtarabt min ʿāṣifa ("Plus on se rapproche de la tempête", 2018), Taʿib almu ʿallaqūn ("Épuisés sur la croix", 2018), Istayqaẓnā marra fī-l-ǧanna ("Nous nous sommes réveillés une fois au paradis", 2020), Kursī ʿalā sūr ʿAkkā ("Une chaise sur le mur d’Acre", 2021) et Lakinnī katabt al-ašǧār bi-l-ḫaṭaʾ ("Mais j’ai écrit des arbres par erreur", 2025).
Dans la trajectoire littéraire de Najwan Darwish, l’année 2009 marque sans doute un tournant crucial, qui n’est pas exclusivement lié à la fondation de sa petite maison d’édition. Dans la même année, il est en effet sélectionné parmi les finalistes du projet « Beyrouth 39 », visant à identifier les 39 écrivain·e·s les plus prometteur·euse·s originaires des pays arabes. Ce projet, qui conduit à la traduction et à l’inclusion de certains de ses poèmes dans une anthologie publiée en anglais, lui permet d’atteindre une première forme de reconnaissance au niveau international. En 2011, cette reconnaissance s’accroît davantage avec la publication de Nothing More to Lose, un autre volume traduit en anglais par Kareem James Abu-Zeid, rassemblant tous les poèmes de l’auteur écrits entre 1998 et 2013. À partir de ce moment, les traductions de ses ouvrages se multiplient, et non seulement dans des langues comme l’anglais, l’espagnol, le français ou l’italien, mais aussi dans d’autres langues telles que l’albanais, le croate, le macédonien, le slovaque, le turc, ou le chinois. Suite au projet « Beyrouth 39 » et à la publication de Nothing More to Lose, de nombreuses études universitaires lui sont également consacrées.
Dans son oeuvre, Najwan Darwish s’oppose, d’un côté, à des éléments typiques d’une littérature dite «d’engagement » (ou « adab multazim » en arabe), résistant ainsi à la tentation d’explorer les grandes questions nationales avec des tons solennels et déclamatoires et, de l’autre, à toute tendance liée au courant le plus esthétisant ou expérimental de la production littéraire palestinienne, qui émerge notamment vers la fin du XXe siècle. L’adoption de la forme de ce que, faute de mieux, on continue d’appeler « le poème arabe en prose » (ou « qaṣīdat al-naṯr ») l’amène à privilégier l’aspect de la narration, affichant, dans certains cas, un anti-lyrisme qui marque une différence remarquable avec la poésie la plus traditionnelle liée au rythme et à l’unité métrique du pied (ou taf ʿīla ), présente même dans les poèmes dudit « vers libre » (ou « šiʿr ḥurr ») dominant dès les années 1950. Par sa poésie, Najwan Darwish porte également une attention particulière au microcosme et aux différentes facettes de l’individu, au point que son traducteur pour l’anglais, Kareem James Abu-Zeid, affirme : « [i]n turning to Darwish’s poetry, what quickly becomes apparent is that there is not one Najwan Darwish, but many voices, many different versions of the ever-present lyric “I” » (2014 : 99). Comme le montre aussi "Carte d’identité", l’un de ses textes qui reprend directement le titre d’un poème publié par un autre Darwish, Mahmoud – bien plus connu par le public francophone –, le type de résistance qu’exprime l’oeuvre de Najwan est particulièrement inclusive. Elle échappe à toute opposition simpliste entre un « nous » et un « eux » représenté par Israël, car même les Juifs y figurent comme l’une des composantes de ce « je » lyrique fragmenté, morcelé et affaibli par les nombreux traumatismes vécus par le peuple palestinien depuis 1948.
Biographie rédigée par Antonio PACIFICO, doctorant en Littérature arabe et ATER