Le lundi 25 novembre 2024, au Centre de Langues Yves Châlon du Campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy, de nombreux étudiants se sont retrouvés pour participer à un atelier d’écriture journalistique animé par Puja Changoiwala, qui s’est d’ailleurs déroulé sous les caméras de France 3 Lorraine.
Après s’être brièvement présentée, Puja a énoncé les trois étapes indispensables pour rédiger un article ou une œuvre de non-fiction : comment trouver des idées, comment sélectionner l’idée qui sera l’objet de notre article, et enfin quel processus de recherche suivre au cours de l’écriture.
Lors de la première partie, Puja a notamment insisté sur l’importance d’être curieux, une qualité requise pour devenir auteur ou journaliste. Tout ce qui nous anime au quotidien, que ce soit la musique ou les podcasts que l’on écoute, les livres que l’on lit ou les séries et films que l’on regarde, peut donner naissance à un sujet sur lequel nous souhaiterions travailler. Ne sous-estimons donc pas nos centres d’intérêt : tout est bon à prendre ! Etant elle-même une grande amatrice de journaux en ligne, Puja nous encourage également à nous ouvrir au monde qui nous entoure en lisant des articles, en étant sur les réseaux sociaux, en visitant de nombreux endroits, en rencontrant des personnes… Tout ceci afin de garder un esprit ouvert et d'être capable de s’autocritiquer, ce qui doit caractériser un bon journaliste.
Cette première partie s’est conclue par un exercice pratique réalisé par les étudiants présents. Puja a demandé de choisir trois livres, films, séries télévisées, musiques que les étudiants aimaient le plus et d'expliquer en quoi ceux-ci les intéressent particulièrement. Ce travail en autonomie a été suivi d’un temps d’échange avec l’auteure sur leurs intérêts personnels. Des sujets de société et des inquiétudes pour des pays étrangers sont beaucoup ressortis, ainsi qu’un attrait général pour le journalisme, profession envisagée par la majorité d’entre eux.
Puja a ensuite évoqué la deuxième étape de la rédaction d'un article : la sélection du sujet . Il faut avant tout se poser la question suivante : l’idée nous enthousiasme-t-elle ? Celle-ci représente, nous pouvons l’affirmer, le critère le plus important pour que notre production écrite soit un succès. En effet, Puja affirme que l’on remarque directement à travers l’écriture de quelqu’un si cette personne n’est pas passionnée par le sujet car cela rend la lecture moins agréable. Elle a également rappelé l’importance d’écrire à propos de ce que l’on connait, de source sûre, mais aussi de ce que l’on veut connaitre sur le sujet, encore une fois une occasion de faire travailler sa curiosité. Elle invite ses auditeurs à se demander pourquoi ils écrivent sur cette histoire, et insiste sur le fait de ne jamais écrire parce que l’on veut dire quelque chose, mais plutôt parce que l’on a quelque chose à dire, qu’il y a un contexte actuel, des choses à rajouter... Avant de se plonger dans ses recherches, il est également conseillé de se poser d’autres questions : que le sujet raconte-t-il à propos des humains ? Qui sont les personnes impliquées ? Pour qui sommes-nous en train d’écrire ? Pourquoi écrire maintenant sur ce sujet ? En effet, il est toujours primordial que l’écrit de non-fiction que nous sommes en train de produire soit connecté au présent, sinon, qui pourra se sentir concerné en nous lisant ? Puja nous a d’ailleurs conseillé, si nous voulons écrire sur un sujet, d’attendre une ou deux semaines pour savoir s’il nous passionne encore, de façon à savoir si l’idée semble digne d’intérêt. Une dernière subtilité est évoquée : la différence entre un sujet et une histoire. Un journaliste se doit d’écrire une histoire, précise et spécifique, qui traite d’un sujet, plus large. Voici donc toutes les clés évoquées par Puja qui nous aideront grandement dans la recherche d’une histoire à raconter.
La deuxième étape s’achève ensuite par un deuxième exercice : à partir de la liste des trois séries, musiques et livres, en choisir un.e et trouver une histoire que les étudiants peuvent raconter en se basant sur l’élément choisi. Nous avons pu comprendre que la différence subtile entre histoire et sujet est souvent difficile à cerner.
Après un nouveau temps d’échange, Puja a expliqué la dernière étape : le processus de recherches, primordial afin de produire un article. Elle distingue les sources primaires des sources secondaires, en insistant sur l’importance de rechercher différemment ces deux types de sources, qui sont différentes et tout aussi indispensables l'une que l'autre. En se basant sur ses propres œuvres comme The Front Page Murders, Puja a apporté de nombreux conseils accompagnés de ses propres expériences et anecdotes pendant la recherche de sources. Elle nous dit de faire attention à ne pas nous perdre dans ses recherches, et nous encourage à ne pas procrastiner, à effectuer nos recherches pendant l’écriture car obtenir une interview peut prendre du temps. En période de recherche, il ne faut avoir aucune honte, quitte à "stalker" des personnes, à trouver leurs réseaux sociaux pour les contacter, et à les relancer si nous n’obtenons pas de réponse. Grâce à sa détermination, Puja a pu, lors de l’écriture de The Front Page Murders, livre sur une affaire de tueur en série qu'elle a couverte en tant que journaliste en Inde, interviewer le criminel, ainsi que la famille des victimes, rencontres qui ont été extrêmement bénéfiques. Puja a évoqué une autre facette de la phase consacrée aux recherches, celle de se rendre sur place, en visitant les lieux importants de l’histoire sur laquelle nous écrivons. On se sentira alors plus connectés et on pourra écrire de façon beaucoup plus précise. Pour ce faire, Puja se rend toujours plusieurs fois sur place, car notre première impression, puis celles qui suivent ne sont jamais les mêmes. Dans le cadre d’une affaire sensible pour laquelle il est difficile de trouver des informations, contacter le gouvernement peut être la solution : des lois stipulent qu’il est obligé de donner certaines informations sur des affaires publiques si quelqu’un les demande. Pour finir, un écrit sur un fait réel n’est jamais complet sans chiffres concrets, sans statistiques. Il ne faut pas hésiter à créer ses propres statistiques (en les faisant vérifier par des spécialistes) : elles ne feront qu’enrichir notre écrit et le rendre plus vivant.
Cet atelier s’est clôturé par plusieurs questions posées par les étudiants. À la question « Comment savez-vous que vous avez réalisé assez de recherches pour commencer à écrire ? », Puja a répondu qu’il fallait sécuriser son écrit avec au moins une interview pour un article et de nombreuses interviews pour des livres. Elle a d’ailleurs apporté son expérience pour dire qu’il est indispensable de construire des relations avec les personnes interviewées car elles ont besoin d’avoir confiance avant de confier leurs secrets.
Enfin, Puja a remercié les étudiants d’être venus et les a encouragés à continuer dans leurs projets d’écriture, avant de les inviter à participer au prochain atelier qui aura lieu le 9 décembre prochain, même lieu, même heure.
Adèle BOURLANGE, L1 LEA et Mathilde DEMANET, M1 MEEF Anglais