Le vendredi 22 novembre 2024, lors de la Journée d’Etudes qui lui été consacrée, Puja Changoiwala est intervenue sur son travail et sa pratique d’écriture en tant que journalise et écrivaine.
« I learn how to fight »
Puja a toujours été bonne élève : il était donc attendu d'elle qu’elle devienne médecin ou ingénieure. Après s’être lancée dans des études de médecine infructueuses et à la suite des attaques terroristes de 2008 à Mumbai (faisant plus de 170 morts et 300 blessés), qui lui laissent un souvenir marquant, elle se tourne vers le journalisme.
Son départ de Mumbai pour Londres dans le cadre de ses études en journalisme lui a offert une nouvelle perspective sur le monde : cette expérience multiculturelle lui a permis de rencontrer des personnes issues d’horizons et de cultures variées ; elle a non seulement contribué à forger son identité, mais aussi à déconstruire certains apprentissages propres à sa culture d’origine.
«Writing is hard but writing about dark thing is harder »`
Puja aborde l’écriture en mêlant approches journalistique et littéraire, tout en restant fidèle à son principe fondamental d’écriture : ne rien inventer. Dans son roman Homebound, elle a refusé de créer de fausses atrocités ou de faux évènements. Son but est de rester aussi proche que possible de la réalité. Ce souci de la précision se retrouve dans son travail minutieux, marqué par de nombreuses lectures et recherches. Elle fouille dans les archives, nullement effrayée de déterrer le passé. Elle investigue les lieux, s’imprègne des détails et interroge des professionnels et particuliers.
Pour son ouvrage non fictionnel The Front Page Murders, Puja a rencontré des psychologues, médecins et criminologues, mais également les criminels eux-mêmes, pour s’imprégner de leur façon de penser et comprendre les motivations qui les poussent à agir. Ce travail, ancré dans le réel, exige d’elle d’être extrêmement précautionneuse, puisqu’il implique de véritables histoires vécues par de vraies personnes.
« It’s all about discipline »
Pour conclure son intervention, Puja a partagé sa méthode de travail. Elle se lève tôt le matin et se met directement à son bureau. « Quitte à être réveillée, autant écrire », dit-elle avec simplicité. Avec humour, elle avoue que face au travail qui l’attend, elle trouve toujours des distractions, sans lien avec l’écriture : aller se balader ou prendre des nouvelles de sa famille et de ses amis. Pour autant, ces pauses lui sont nécessaires pour maintenir une productivité optimale. Elle nous révèle, avec sincérité, sa tendance à procrastiner parfois, mais pour elle « la discipline est difficile, et la non-productivité fait partie du processus ». Elle pratique d’ailleurs la célèbre technique de travail Pomodoro, qui consiste à alterner entre des sessions de travail et de courtes pauses pour s’aérer l’esprit.
Puja ne croit ni en l’inspiration ni en la motivation : elle ne jure que par la discipline. Selon elle, c’est en acceptant la discipline et en la pratiquant quotidiennement qu’on la rend moins difficile. Elle confie enfin que de nombreuses fois elle a voulu abandonner le journalisme et l’écriture. Pourtant, elle y revient toujours, car c’est ce qu’elle aime profondément.
Agathe Guyard, M2 Etudes Culturelles, et Léa Laurut, L3 Bilangue-Biculture