Puja Changoiwala et Katia Astafieff en discussion sur le changement climatique en Inde

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Puja Changoiwala

Le 17 novembre 2024 se déroulait le Marché du Monde Solidaire de Nancy à l’Hôtel du Département. Puja Changoiwala y était invitée afin d’échanger autour des changements climatiques en Inde, en compagnie de l’autrice française Katia Astafieff. Les deux autrices ont présenté leurs expériences et leur vécu en montrant des illustrations du changements climatique en Inde, et ont fini par une session de questions / réponses avec le public.

Katia Astafieff est biologiste de formation et directrice adjointe des Jardins botaniques du Grand Nancy et de l’Université de Lorraine, mais elle est également autrice. Elle associe ses deux passions, le voyage et la biologie, à travers ses écrits. Katia est allée une première fois en Inde pour ses recherches, mais elle a été rapatriée en France suite à des problèmes de santé et au fait qu’elle a elle-même fait face à des conséquences du réchauffement climatique, ce qui ne l’a pas découragée d’y retourner une seconde fois.

Puja Changoiwala est une journaliste indépendante, également autrice de trois livres : The Front Page Muder (2016), Gangster on the Run (2020), reportages non fictionnels, ainsi que Homebound (2021), son premier roman. A l’origine, Puja écrit surtout sur la question des droits humain, mais elle s’est vite rendu compte que changement climatique et droits humains sont étroitement liés. En effet, le changement climatique crée une augmentation des inégalités, donc des problèmes liés à la santé, à l’éducation, et bien d’autres…

Katia et Puja ont raconté les histoires et le vécu de personnes bien précises qui sont victimes des effets du changement climatique. Les deux autrices ont chacune visité les endroits les plus touchés, des quartiers défavorisés jusqu’aux bidonvilles, afin d’interviewer leurs habitants et d’écouter et partager des témoignages les plus authentiques possible. Selon elles, ces histoires de vie se perdent dans les gros titres des médias et effacent quelque peu la dure réalité des gens qui vivent ces catastrophes naturelles.

Trois types de catastrophes nous ont pour le moins marquées. Tout d’abord, les violentes inondations qui ont coupé du monde une centaine de villages à l’est de l’inde et ont privé tous les habitants d’un accès à la santé ou à l’éducation pendant plusieurs mois. Ensuite, les vagues de chaleur extrême, qui dépassent le seuil de sensibilité humaine en Inde à certaines périodes de l’année et sont ressenties d’autant plus dans les bidonvilles où le manque d’accès au confort est une réalité (pas de climatisation, de ressources suffisantes en eau, etc…). Puja nous a raconté l’histoire d’un enfant brûlé par la chaleur mais qui n’a pas pu être soigné car sa mère n’avait pas assez d’argent. Elle précise que c’est un exemple dur, mais qu’il est concret et qu’il est donc important d’en parler. Enfin, Katia nous a parlé de la fonte des neiges et les glissements de terrains en Himalaya, qu’elle a elle-même vécus, mais également des terrifiantes coulées de boue qui emportent et détruisent tout sur leur passage. Elle nous confie que ce fut une expérience vraiment effrayante. Les populations indigènes de la région ont d’ailleurs protesté beaucoup à ce sujet, et ont réussi à organiser plusieurs discussions avec le gouvernement, grâce auxquelles ils sont maintenant entendus au sujet des changements climatiques de la région. On peut également ajouter le ciel pollué « qui cache le soleil », nous disait Katia, que l'on voit dans la ville ou à la campagne. Puja a d’ailleurs confirmé l'information, ajoutant qu’elle était surprise de notre ciel si bleu.

Puja nous a toutefois dit qu'elle restait « optimiste ». En effet, d’après elle, le discours des médias est trop alarmiste : il devrait être plus rassurant et se focaliser sur les solutions possibles ainsi que sur les efforts faits. Elle a cité l’exemple de Mumbai, qui devrait devenir la première ville "verte" d’Asie du Sud-Est d’ici 2050 (estimée comme date-clé pour évaluer l'ampleur des dégâts si des mesures de remédiation ne sont pas mises en place à l'échelle internationale). De nombreuses villes en Inde ouvrent la parole aux citoyens et mettent en place des moyens pour rendre les villes plus vertes, par exemples en mettant une grande partie des commerces à proximité des lieux d’habitation pour limiter les émissions de Co2 et encourager le déplacement à pied. Un argument relevé d’ailleurs par Puja sur une note plus légère : à son arrivée à Nancy, elle était agacée de voir que la plupart des trajets se faisaient a pied, mais elle se dit maintenant habituée et pense même qu'il est mieux de fonctionner de cette manière !

Katia et Puja se rejoignent dans leur conclusion pour dire que ces changements climatiques affectent dangereusement les habitants qui vivent dans ces zones, et que cela n’est plus seulement un problème climatique mais un problème de droits humains. Si tout le monde participe aux changements, la transition écologique deviendra possible et permettra aux régions touchées d'être encore habitables pour les futures générations. Nous finissons cet article par le « mot de la fin » de Katia : « Plantez des arbres ! ».

Léa Laurut, L3 LLCER Bilangue-Biculture et Adèle Bourlange, L1 LEA

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