En octobre 2024, dans le cadre du programme ARIEL (Auteur.e en Résidence Internationale en Lorraine), l’Université de Lorraine a accueilli l’autrice et journaliste indienne Puja Changoiwala pour une série de rencontres littéraires avec des élèves, étudiants et le grand public. Sa tournée des lycées a débuté au lycée Georges de la Tour à Metz, où elle a pu échanger avec deux groupes d’élèves. Ces sessions ont permis aux étudiants de mieux comprendre les défis de l’écriture, l’importance de l’engagement dans le journalisme et les subtilités de la narration littéraire.
Première session avec les classes préparatoires littéraires : l’écriture comme vocation et outil d’engagement
Dans la matinée, Puja Changoiwala a rencontré une classe de 80 étudiants en première et deuxième année de prépa littéraire, tous très curieux de connaître son parcours et ses valeurs. Dès le début, elle a partagé sa vision du journalisme, un métier qu’elle décrit comme une vocation. Bien qu’elle reconnaisse que le journalisme peut parfois être perçu comme une forme de propagande, elle insiste sur le rôle crucial de ce métier pour amener les gens à réfléchir. "Mon objectif est d'inviter le lecteur à voir le monde autrement, à remettre en question certaines idées reçues," a-t-elle expliqué.
Les étudiants, intéressés par son choix d’écrire en anglais, lui ont demandé pourquoi elle avait opté pour cette langue. Elle a répondu que, bien que l’anglais soit réservé aux privilégiés en Inde, il lui permet de toucher une audience plus large et de faire connaître des histoires souvent invisibles. Elle a également partagé sa perspective sur la pandémie de COVID-19 et la manière dont cette expérience mondiale a influencé son écriture. La narratrice de son roman, une jeune fille de quinze ans, représente une population marginalisée en Inde, et à travers elle, elle évoque les tensions entre hindous et musulmans, des réalités sociales qu’elle refuse d’ignorer dans ses récits.
La responsabilité des médias et le pouvoir de l’écriture
En tant que journaliste, Puja souligne l’impact du journalisme sur la société, rappelant que "les médias écrits ont une responsabilité plus grande que les sites d’info, car beaucoup de gens leur font davantage confiance." Pour elle, chaque histoire, aussi discrète soit-elle, peut provoquer de petits changements qui, à long terme, contribuent à une société plus consciente et ouverte aux autres perspectives.
Elle a également évoqué la pression académique en Inde, où les carrières de médecin et d’ingénieur sont souvent encouragées comme des chemins prestigieux, une orientation qu’elle a délibérément choisie de ne pas suivre. "En tant que journaliste, j’ai eu la chance de voyager pour mes reportages et mes livres, une expérience qui m’a permis de découvrir des réalités variées," a-t-elle confié. À la fin de la session, elle a encouragé les étudiants à développer leur propre style, à écrire sur ce qu’ils aimeraient lire et à persévérer dans leurs projets.
Deuxième session avec les élèves de section euro-anglais : Atelier d’écriture pour un roman graphique
Plus tard, ce sont les élèves de la section euro-anglais qui ont rencontré Puja Changolwala pour une session plus pratique axée sur l’écriture de roman graphique. Elle a commencé par remercier les organisateurs pour la gestion du temps, indiquant que cela lui permettait de mieux structurer ses interventions. Lorsqu’un élève lui a demandé ce qui la motivait le plus dans son métier, elle a répondu avec enthousiasme : "L’excitation d’être publiée est une sensation incroyable, qui reste l’un des plus grands plaisirs de ce métier."
Les élèves ont ensuite partagé le pitch d’un projet sur lequel ils travaillent : un roman graphique explorant le thème d’une société secrète. Puja Changolwal les a encouragés à soigner la profondeur des personnages, en expliquant qu’un bon personnage est essentiel pour captiver le lecteur. "Chaque personnage doit avoir une existence propre, des motivations, des failles, pour que le lecteur puisse vraiment s’identifier à eux," a-t-elle conseillé.
Elle leur a donné des astuces pour renforcer leur style d’écriture et changer de ton en fonction de l’histoire. Selon elle, la qualité de l’écriture dépend du temps investi et de la pratique régulière, mais aussi de la volonté de perfectionner son travail en vue d’une possible publication. Elle a suggéré aux élèves de travailler en groupe pour affiner leurs personnages principaux et leur narration, tout en les invitant à revisiter certains éléments pour renforcer l’impact de leur histoire.
L'impact des réseaux sociaux et le rôle des médias
Puja Changoiwala a aussi partagé ses réflexions sur les réseaux sociaux, qu’elle voit comme un espace de discussion bénéfique pour engager le dialogue avec le public, un objectif central de son travail. Elle a précisé que les médias ont un rôle de premier plan dans l’évolution des mentalités, même si les changements sont souvent lents.
En conclusion de cette session, les élèves de section euro-anglais ont pu recevoir des conseils personnalisés pour leurs projets de roman graphique et repartir avec une nouvelle perspective sur leur propre créativité.
Ces deux sessions, marquant le début de la tournée de Puja Changoiwala dans des établissements scolaires en dehors de l’Université de Lorraine, ont offert aux étudiants un aperçu inspirant des réalités du métier d’écrivain et de journaliste. Entre passion pour l’écriture et engagement social, l’autrice leur a transmis des outils précieux pour leurs propres projets littéraires, tout en les incitant à cultiver leur curiosité et à s’ouvrir au monde.
Matthias Norman, 2ème année de BUT Info-Com, Bibliothèques
