Masterclass avec les étudiants de lettres animée par Sabine Wespieser

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Jan Carson

 

Le mardi 10 Janvier, les élèves en Master de Lettres de l’université de Nancy ont eu l’opportunité d’assister à une masterclass donnée par Sabine Wespieser, l’éditrice de Jan Carson. L’autrice devait normalement être aux côtés de son éditrice, mais elle n’a malheureusement pas pu être présente. Animée par Véronique Montemont, Anne Cousseau, Amandine et Thomas, cette rencontre était organisée dans le cadre d’un partenariat entre Le Livre sur la place et ARIEL.

Ayant une formation en lettres classiques, Sabine Wespieser passe son CAPES et débute sa carrière dans l’enseignement. En 1988, elle entre en tant que stagiaire chez Acte Sud, puis elle gravit progressivement les échelons. Trouvant le marché de plus en plus industriel et violent, elle décide de rompre avec ce rythme de croissance perpétuelle : elle créé sa propre maison d’édition éponyme et indépendante en 2002. Elle publie peu, entre dix et douze titres par an, pour permettre un meilleur accompagnement des quatre-vingts auteurs qu’elle publie.

Son catalogue est entièrement composé de fiction, et Sabine Wespieser précise que ce choix a été fait « par envie, par intuition, par savoir faire. » Elle dit aimer la littérature « provenant d’ailleurs » : ainsi, la plupart des œuvres qu'elle publie sont des œuvres traduites de littérature étrangère.

Elle explique ensuite ses critères de publication. Elle commence d’abord par insister sur le fait qu’une entreprise culturelle ressemble à celui qui la fait, et ne doit pas être le reflet du goût du public, comme c’est trop souvent le cas dans les maisons d’édition commerciale. En tant que diplômée en lettres classique, elle accorde une grande importance à la maitrise de la langue française. Selon elle, écrire de la littérature c’est être capable de « jouer avec la diversité de la palette de la langue française pour créer un objet singulier. »

Sabine Wespieser admet même : « je fais mieux mon métier maintenant qu’il y a vingt ans ». Avant, elle choisissait les histoires qu’elle publierait parce qu’elles étaient intéressantes, puis elle faisait travailler les auteurs sur la forme. Elle trouve à présent que cette façon de travailler donne des textes qui ne sonnent pas juste : « un texte, ça se laisse. » C’est l’auteur qui doit décider de sa propre forme, et c’est aussi pour cela que la maitrise de la langue est essentielle. Elle confie apprécier les récits qui laissent une place au lecteur et ne sont pas trop explicatifs. Enfin, pour elle, un bon texte est un texte qui peut « transmettre les universels de l’émotion. »

Cette rigueur dans le choix dans des œuvres est essentielle : par la suite, Sabine Wespieser devra défendre ses choix auprès des libraires. Plus elle apprécie les textes qu’elle publie, plus il lui est facile de convaincre les libraires de la qualité de ces textes, et de la place qu’ils ont sur leurs étalages.

Ces livres seront d’ailleurs facilement identifiables sur les étals grâce à leur charte graphique. Créée à l’aide sa graphiste Isabelle Mariana, la couverture épurée, qui deviendra au fil des ans l’identité de la maison d’édition, est muette avec un désir de centrer le propos. Sabine Wespieser évoque une envie de durabilité à travers ses livres en tant qu’objet : le livre est cousu, le texte imprimé à l’encre marron sur un bon papier pour permettre un certain confort de lecture.

La parole a ensuite été laissée aux élèves, afin qu’ils puissent eux aussi poser leurs questions à Sabine Wespieser. Enfin, Véronique Montémont a clos la session de questions en demandant, sachant que certains de ses élèves se destinaient à l’édition, quelles étaient les qualités à avoir pour être éditeur. Sabine Wespieser a répondu avec beaucoup de bienveillance qu’il fallait avoir le goût de lire, et surtout une certaine résistance au temps. Elle termine en énonçant une vérité qu’il faut retenir, que ce soit en tant qu’éditeur, auteur ou lecteur : « la littérature n’est pas réductible à son sujet. »

L’échange s’est ensuite poursuivi dans un cadre moins formel à la Brasserie Excelsior, où les élèves ont eu l’opportunité de discuter directement avec Sabine Wespieser.

Amandine BESTAUTTE, L3 LLCER Anglais

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