Mark SaFranko : portrait

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Mark SaFranko

 

5 novembre 2018

La première fois qu’on le rencontre, il peut impressionner. Quand on sait qu’il était un ami proche de Dan Fante, qu’il est non seulement auteur, acteur, peintre, compositeur et musicien, on se dit que c’est un artiste complet. Il n’aime pas particulièrement s’étendre sur sa carrière d’acteur, et quand on dit qu’il a joué dans des séries, des films et des publicités, il préfère passer à autre chose. Pour lui, l’art, c’est l’écriture, la peinture et la musique. Il a également exercé de nombreux autres métiers très variés, de livreur à enseignant, en passant par chauffeur et cuisinier… et toutes ses expériences lui ont beaucoup appris sur les relations humaines. D’ailleurs, l’une des choses qu’il aime en France, c’est le fait que le statut d’auteur soit aussi respecté. La foule qui afflue aux salons littéraires comme Le Livre sur la Place ne fait que confirmer cette idée.

Cependant, il n’aime pas être mis dans une case. Il n’est pas « plus » auteur que compositeur ou peintre. Pour lui, ces différentes formes d’expression se complètent. Tout comme il écrit tous les jours, il joue aussi de la guitare quotidiennement. C’est d’ailleurs un passionné, il possède une cinquantaine de guitares de collection.

Pour l’écriture, il peut travailler n’importe où, à partir du moment où il n’y a pas trop de bruit. D’ailleurs, il déteste entendre de la musique trop forte (sauf la sienne!). Il peut s’installer à une table dans un café, écrire dans un train, au bord d’une piscine, à son bureau ou sur son lit. Tout ce dont il a besoin, c’est de son ordinateur portable, un très joli Mac blanc. C’est un peu une discipline qu’il s’est imposée : il pense que s’il avait besoin de certaines conditions particulières pour écrire (un bureau, du silence, un environnement particulier…),  il n’écrirait pas autant.

Dan Fante disait de lui : « Il préfère écrire à respirer ». Pour autant, il ne fait pas passer de « messages » dans ses œuvres, mais s’inspire plutôt de ses expériences personnelles. Par exemple, les mésaventures de Max, le protagoniste de la nouvelle « Putain de bagnole » (dans le recueil Léger glissement vers le blues) lui sont réellement arrivées. Dans d’autres œuvres, on peut reconnaître, chez ses personnages,  des traits de sa propre personnalité : il déteste le froid et la neige ; il rêve de soleil, de chaleur et de palmiers. Il préfère les hivers de Floride aux hivers rigoureux new yorkais et les Bahamas le font particulièrement rêver. Il a d’ailleurs été très agréablement surpris par le très beau mois d’octobre que nous avons vécu cette année, avec un temps ensoleillé et très doux, « digne d’un mois de décembre en Californie ».

Mark SaFranko aime voyager ; il est très souvent à New York, mais il adore explorer les montagnes du Wyoming, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne et le sud de la France… Cela ne lui déplairait pas, d’ailleurs, de s’installer en France définitivement, un jour, peut-être… Il aime notre système de santé, tellement plus égalitaire que le système américain. Aux Etats-Unis, le moindre problème de santé avec visite chez le médecin avoisine les 200 dollars, et tout le monde n’a pas accès à une bonne assurance santé. Il admire aussi notre système universitaire, qui permet à tous de faire des études supérieures sans s’endetter, comme les jeunes Américains (et leurs parents !), à hauteur de dizaines ou de centaines de milliers de dollars.

En traversant une manifestation récente dans le centre de Nancy, il avait du mal à comprendre la grogne des gens. « Ils n’ont pas conscience  de la chance qu’ils ont d’habiter ici ! » avait-il soupiré. Et il avait remarqué que même si les gens sont parfois mécontents aux Etats-Unis, il n’y a pas de manifestations aussi fréquentes qu’en France. De plus, quand il y en a, c’est contre la violence par armes à feu, par exemple, mais jamais pour défendre le pouvoir d’achat ou s’insurger contre des licenciements.

Une autre chose qu’il affectionne en France, c’est la nourriture : du bon vin, une baguette bien croquante, les pizzas de nos restaurants locaux, un bon café (mais surtout allongé et décaféiné, pas le petit café noir.)  Le café, d’ailleurs, c’est un peu son carburant…  Il a  prévu de tester plusieurs bons restaurants de Nancy et de visiter des vignobles. Il a découvert le marché couvert de Nancy avec enthousiasme, notamment pour les produits de la mer. Il a en effet un talent particulier pour cuisiner les poissons. Et il aime aussi beaucoup l’odeur du popcorn, ce qui est évidemment plus américain que lorrain !

Mais il n’y a pas que la bonne chère qu’il affectionne: il apprécie également le fait que les Français sont moins obsédés par le politiquement correct et qu’ils sont peut-être plus spontanés. Il aime les rencontres, les discussions avec les étudiants, les enseignants, son public, et ceux qui le découvrent seulement à l’occasion de la résidence d’auteur. Il aime l’architecture, les lieux chargés d’histoire, les régions aux caractéristiques si différentes… Aux Etats-Unis, il faut faire des heures de voiture pour que le paysage change. Ici, il suffit  de deux heures pour être en Champagne, en Alsace, en Allemagne, en Belgique ou au Luxembourg.

Mark SaFranko est ravi d’être en Lorraine pour la durée de la résidence, et sa femme Lorrie, venue lui rendre visite, est enchantée elle aussi. A les voir explorer la région, on se dit que Nancy et la Lorraine viendront peut-être nourrir sa veine créative et lui donner de nouvelles idées de romans ou de nouvelles…

Emmy Peultier, enseignante d’anglais, IUT Nancy-Charlemagne.

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Mark SaFranko à Snug Harbor, Bruxelles