Mark SaFranko et Olivier Brun à la librairie Le Quai des Mots d'Epinal

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Mark SaFranko

 

22 janvier 2019

A quelques jours de la clôture de la première résidence d’auteur internationale de l’Université de Lorraine, l’auteur américain Mark SaFranko et son éditeur Olivier Brun se sont rendus dans les Vosges pour animer une rencontre littéraire à la librairie du Quai des mots d’Epinal.

Située face à la gare, la librairie du Quai des Mots d’Epinal a accueilli l’auteur américain Mark SaFranko et son éditeur nancéen Olivier Brun pour une rencontre littéraire de quelque deux heures le samedi 19 janvier au matin. Ont répondu à l’invitation les fidèles de la librairie, salués amicalement par les libraires. Ici, tous semblent se connaître, unis par l’amour du papier, des histoires qu’il porte et des liens qu’il tisse. Dans une ambiance détendue, de petits groupes se forment pour des bavardages informels alors qu’une libraire propose café et viennoiseries. Ce n’est que vingt bonnes minutes après son arrivée que la dizaine d’amateurs de littérature est invitée à s’installer face à Mark SaFranko et Olivier Brun.

Un auteur qui “essuie les plâtres”

Tout sourire, l’éditeur de la maison La Dragonne commence par présenter le projet d’Auteur en Résidence Internationale En Lorraine auquel participe depuis octobre dernier Mark SaFranko, qui « essuie les plâtres » comme s’en amuse ouvertement son ami. Tous deux se lancent ensuite dans le récit de leur collaboration. Se faisant l’interprète de son auteur, Olivier Brun raconte comment il a croisé sa route alors que celui-ci venait de perdre son premier éditeur français, 13e Note, et comment cette rencontre a permis à l’Américain de faire découvrir un aspect plus sérieux de son écriture à des lecteurs français jusque là exclusivement habitués à son sulfureux alter ego Max Zajack. « Très vite, j’ai eu avec Mark la même proximité qu’avec un auteur lorrain », insiste l’éditeur, qui s’est personnellement investi pour offrir au marché français des œuvres traduites fidèles au style de leur auteur d’origine.

Un nouveau roman

Un style que l’audience est justement venue découvrir puisque lui avait été promis la lecture d’extraits de l’œuvre de Mark SaFranko. Parmi sa vaste collection de romans et de nouvelles, l’auteur a choisi de commencer par Un Faux Pas, un roman psychologique « tout frais », une « exclusivité mondiale », comme s’en réjouit Olivier Brun, puisqu’il vient de paraître pour la première fois en France, à défaut d’avoir trouvé preneur aux États-Unis. L’histoire est celle d’un couvreur-zingueur et infidèle invétéré qui, lorsqu’il tombe d’un toit et devient paralysé, va devenir totalement dépendant de sa femme, tandis que celle-ci va redécouvrir son indépendance. L’objet de la seconde lecture est assez différent puisqu’il s’agit d’un extrait de la nouvelle « Parmi les morts » tirée du recueil Incident sur la 10e Avenue. Celle-ci tourne autour d’un homme qui, remarié après avoir, pense-t-il, perdu sa première femme dans l’attentat des tours jumelles, croit revoir celle-ci, bien vivante, sur un bazar. A ces deux lectures, on entend les mêmes réactions enthousiastes : « On n’en saura pas plus ? », « Je veux la fin ! », mais aussi des commentaires plus poussés comme celui d’une des libraires, impressionnée par la façon dont l’auteur, un homme valide, parvient à retranscrire le sentiment d’impuissance d’une personne handicapée.

Une rencontre interculturelle

Au-delà de l’œuvre de Mark SaFranko, c’est sa nationalité américaine, et les différences entre son pays et la France, qui intéressent particulièrement l’audience au cours de la conversation qui suit les lectures. Et de fait, si l’auteur nous vient des États-Unis, il y est plutôt méconnu, alors qu’il jouit en France d’un certain succès, ce qui lui donne de plus en plus le sentiment d’être un auteur français. Devant un public un peu perplexe, l’Américain tente d’expliquer pourquoi Un faux pas a peu de chances d’être publié dans son pays – ce que lui a affirmé son agent. Dans l’édition, ce qui marche en France ne marcherait pas aux États-Unis et vice-versa. De même qu’alors qu’en France il existe une « classe moyenne » d’écrivains, aux États-Unis « vous êtes Stephen King ou vous n’êtes rien », comme le note un peu amèrement l’auteur. Et pour les agents américains, il n’y a qu’un seul curseur : l’argent, la seule chose pour laquelle on estimerait un écrivain dans leur pays. Au final, ce qu’il faudrait à Mark SaFranko, ce qu’il aimerait vraiment pour son retour au bercail, ce serait un agent français.

Après un moment de questions et de réponses fort animé, la rencontre prend fin tranquillement et Mark SaFranko se dirige vers une table pour proposer des dédicaces à ceux qui le souhaitent. Trois personnes s’y pressent aussitôt, comme Daniel Abbland. Ce professeur d’histoire-géo en lycée, qui a jadis enseigné l’histoire américaine aux États-Unis, n’a commencé à lire l’auteur que la veille, en vue de l’événement proposé par la librairie dont il est un habitué. Alors qu’il tend son exemplaire d’Incident sur la 10e Avenue à Mark SaFranko, il a déjà l’air sous le charme.

Marion Henriet, L3 LLCER Anglais

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Mark SaFranko à la librairie Le Quai des mots d'Epinal