28 janvier 2020
Pour sa dernière rencontre organisée dans le cadre de sa résidence ARIEL, samedi 25 janvier, la poétesse s’est rendue à la Libraire italienne du Grand-Duché du Luxembourg. L’accueil chaleureuse de Silvia Delmedico, l’une des responsables de la librairie, lui fait vite oublier le froid et le brouillard épais qui traînent sur le Grund, la ville basse, où la petite librairie italienne pointe son nez.
Le public prend vite place à côté des étagères joliment remplies des ouvrages de littérature italienne contemporaine, impatient de découvrir la voix de la poétesse et de connaitre le parcours qui l’a amenée en Lorraine il y a quatre mois.
Au cœur de la rencontre, son dernier recueil Limbo. La lecture rythmée et émouvante de "Spalle al muro" fait suite à celle poignante de "Canto dell’Esilio".
Le silence quasi religieux qui s’est installé lors de la lecture est enfin rompu par la timide prise de parole de la part du public. Étant des expatriés qui habitent au Luxembourg depuis des années, certains remarquent des similitudes entre leur propre expérience d’étrangers et celle des migrants, tout en sachant que des différences profondes demeurent entre leur limbo et celui dont Laura Fusco parle dans son recueil.
Paola, qui habite au Grand-Duché depuis 2002, avoue ensuite être très frappée par le caractère visuel des poèmes : « En écoutant ta voix, on a l’impression de lire un article de la une, mais en vers. C’est incroyable ! ». La poétesse retourne alors sur l’origine de ce recueil, en soulignant également l’importance que les images télévisées de ces migrants ont eue dans le moment de l’écriture.
Une question concernant la poésie en tant que thérapie est aussi abordée, sur la base des sujets évoqués lors de la présentation introductive. Dans sa réponse, la poétesse décrypte volontiers le rôle des émotions en tant qu’éléments essentiels à la poésie et s’arrête largement sur la fonction de l’écriture autant dans les processus de l’acceptation de la maladie que dans celui de la guérison.
Une forte sympathie semble s’emparer du public, qui demande s’il reste du temps pour une nouvelle lecture. Agréablement surprise, Laura Fusco choisit ainsi de lire deux autres poèmes tirés de Limbo, "TG" et "7 vite".
Le temps presse, mais il en reste encore pour une ultime question, cette fois-ci autour de l’expérience ARIEL avec les étudiants. C’est l’occasion pour la poétesse de revenir sur les beaux moments passés à côté des jeunes traducteurs, en évoquant leur enthousiasme, leurs surprenantes remarques sur la poésie et leur capacité – souvent sous-estimée – d’écrire en vers. "Cette expérience – termine Laura Fusco – nous a montré l’authenticité d’une chose en laquelle je crois profondément : comment la poésie n’est pas du tout un univers complexe, voire élitiste, mais est au contraire à la portée de nous tous. Il faut juste qu’elle regagne sa place dans notre mode de vie, dans notre culture. Et pour cela, il faut rééduquer les jeunes à la poésie, car ils sont notre avenir."
C’est maintenant le tour des remerciements et de dédicaces, avant de se mettre en route pour la gare. Sur le chemin, la poétesse se laisse aller à un dernier commentaire : "Quelle ville, Luxembourg ! À l’arrivée, on a l’impression d’être dans une ville pleine d’identités différentes, ce qui te donne un sentiment de dépaysement. Ensuite, on comprend que cela est aussi ce qui fait son charme ! J’aimerais bien y retourner un jour, au printemps. Peut-être lors d’une nouvelle édition du Printemps des Poètes, qui sait !"
Silvia Ricca, Lectrice d’Italien, Université de Lorraine