Laura Fusco et Philippe Claudel au Hall du Livre de Nancy

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Laura Fusco

 

9 décembre 2019

Jeudi 28 novembre, une rencontre littéraire entre la poétesse Laura Fusco et le parrain d'ARIEL, l’écrivain et cinéaste lorrain Philippe Claudel, a eu lieu à la librairie Le Hall du Livre, où les deux auteurs ont discuté de plusieurs sujets liés, entre autres, à la poésie, la langue et l'inspiration. Au début de la soirée, Philippe Claudel a souligné la nature unique du projet ARIEL, qui permet aux auteurs invités d'avoir un véritable dialogue avec le lieu qui les accueille – dans ce cas, avec Nancy, le Grand Est et l'Université de Lorraine, où diverses expériences se concrétisent dans plusieurs ateliers et prennent vie sur le Campus Lettres et Sciences Humaines et l’IUT Nancy-Charlemagne.

Cette rencontre de deux littératures - française et italienne – a donné au public l'opportunité de découvrir plusieurs thèmes similaires abordés par les deux créateurs dans leurs œuvres, notamment l'oubli, la recherche poétique et la polyvalence du poète. Cette notion de polyvalence est particulièrement précieuse pour la poétesse, qui cherche toujours à s'exprimer à l'aide de différents outils de création, comme la poésie orale et visuelle, et pour qui la performance a toujours été au cœur de ses œuvres. La parole dite occupe aussi une place spéciale dans la poésie de Laura Fusco, qui se veut héritière des Bardes, avec lesquels elle partage le désir d'unir l'usage de la voix et du corps à la poésie orale. En effet, Laura Fusco a confirmé que la poésie est pour elle la forme d'expression artistique où elle se retrouve le mieux, qui l’a troublée et tourmentée depuis son très jeune âge et qui représente « l'air même » qu'elle respire, son souffle.

Selon Philippe Claudel, tous les écrivains ressentent la nécessité de se nourrir d'autres approches artistiques pour créer quelque chose d'unique. Pour Laura Fusco, le domaine de la création où elle puise l’essentiel de son inspiration est la danse, qui lui permet « d'écrire avec le corps » et de donner à son public une expérience d'incarnation artistique à la fois primitive et puissante. Mais elle dialogue aussi avec d’autres formes d’art, comme la peinture et la musique.

Lors de cette rencontre, Laura Fusco a également évoqué la figure d'une poétesse italienne de la Renaissance, Isabella di Morra (inconnue parmi ses contemporains mais redécouverte après sa mort), comme une source d'inspiration dans son parcours poétique. L'empreinte évidente de l'influence des personnages féminins, que ça soit des artistes ou des femmes réfugiées, se manifeste dans presque toutes les œuvres de la poétesse, qui ont pour but, entre autres, de lutter contre les clichés se formant autour de la « tragédie des migrants ». Laura Fusco cherche, à travers le pouvoir de la parole, à montrer la joie, la vie et l'espoir qui persistent malgré tout.

Les deux auteurs ont également discuté d’une pléthore d'autres sujets liés à l’expression artistique : comment s'assumer en tant que poète, oser créer sans douter de son droit de s'exprimer, trouver des mots pour émouvoir le public moderne qui se tourne de plus en plus vers les émotions immédiates, dépourvues de réflexion.

Une lecture poignante à haute voix d'un des poèmes du recueil Limbo par Manon Albizzati, étudiante de l'Université de Lorraine, a apporté une belle conclusion à la rencontre entre les deux créateurs, qui a permis d'explorer davantage le monde artistique de l'auteure en résidence en Lorraine.

Evgeniia KAZAK, M1 CEMEO Bilangue-Biculture

Photos : Gohar GRIGORYAN, M2 CEMEO Russe, et Evgeniia KAZAK, M1 CEMEO Bilangue-Biculture

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Laura Fusco et Philippe Claudel - Hall du Livre de Nancy