L’Anglomane : Rencontre de Puja Changoiwala avec les anglicistes de licence LLCER

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Puja Changoiwala

L’Anglomane est un blog alimenté par les anglicistes de 3e année de licence LLCER (langues, littératures et civilisations étrangères et régionales) de l’UFR ALL-Nancy dans le cadre de leur cours de rédaction d’articles de presse.

En ce début de semestre, la vingtaine d’étudiants et étudiantes qui participent à ce cours travaillent sur un « reportage » : en huit groupes de deux à quatre, ils mènent des recherches approfondies sur un sujet de leur choix puis rédigent un article détaillé.

Qui de mieux, donc, qu’une journaliste primée comme Puja Changoiwala pour les guider dans leur travail ?

C’est ainsi que, les 9 et 16 octobre 2024, à l’aube de la résidence ARIEL, Puja a pu découvrir les sujets de chaque groupe d’apprentis journalistes et leur donner des conseils. Elle s’est même laissée interroger sur son expérience du journalisme et sur son avis sur les évolutions technologiques et sociales qui impactent le métier, dans le cadre d’un des reportages.

Voici pour vous, simple curieux ou aspirant journaliste, quelques conseils donnés par Puja lors de ces deux après-midis.Conseil

Conseil no 1 : « Racontez une histoire, pas un sujet »

Les thèmes qu’ont choisi d’aborder les huit groupes sont bien loin des sujets de prédilection de Puja, qui s’est souvent entendu dire qu’elle « n’abordait pas des sujets heureux ». En effet, là où ses articles et ses livres traitent surtout de discriminations, de criminalité et de justice sociale, les étudiant·es, eux, semblent plus axé·es sur l’art (littérature, cinéma, musique, jeux vidéo, notamment). Pour autant, Puja ne manque pas de conseils personnalisés à leur apporter.

« Tell a story, not a subject, » voilà un conseil souvent répété par la journaliste. Pour qu’un article soit intéressant, il doit raconter une histoire, pas seulement faire le panorama d’un sujet. C’est pourquoi il est important de ne pas trop s’éparpiller. Pour cela, il faut savoir pourquoi on a choisi d’aborder ce sujet et ce qui le rend intéressant pour nous et pour le lectorat visé. Surtout, il faut choisir un angle d’approche pertinent : partir d’une expérience, d’un évènement marquant, ne pas hésiter à se concentrer sur des détails qu’on trouve intéressants… Une bonne idée peut être aussi de partir d’une personne et de son expérience ou de son expertise.

Conseil no 2 : Pour les entretiens, privilégiez des spécialistes

Parmi les possibilités qu’ont les étudiant·es pour enrichir leur reportage, ils peuvent notamment mener des entretiens. Puja a recommandé aux groupes ayant fait ce choix d’identifier les personnes les plus pertinentes, notamment des spécialistes du domaine abordé.

Ce conseil a d’autant plus servi au groupe de Marceau, Amel et Constantin, dont le reportage porte sur les conséquences des médias numériques sur la presse traditionnelle. En effet, étant elle-même journaliste, Puja était la personne parfaite pour un entretien.

D’après ces trois étudiant·es, il était très intéressant d’avoir son point de vue en tant que journaliste professionnelle. Qui plus est, Puja a travaillé pour des médias indiens, mais aussi britanniques et américains, et elle a donc pu leur apporter son expérience plus internationale. Par exemple, à la question des conséquences négatives ou positives de l’essor des médias numériques, Puja a pu évoquer le milieu journalistique indien, où les médias numériques, moins onéreux à produire, ont permis à des publications plus petites, mais de qualité, d’exister.

Entre autres, cet entretien a été l’occasion pour les étudiant·es d’interroger Puja sur le futur du journalisme à l’ère du numérique : le rôle des intelligences artificielles a notamment été évoqué. (Puja a d’ailleurs abordé ce sujet lors de son intervention à l’Université Paris-Panthéon-Assas en tout début de résidence.) Selon Puja, les IA ne remplaceront pas les journalistes, car elles manquent d’esprit d’analyse et d’initiative, et donc, de crédibilité, qui est indispensable au travail journalistique. Néanmoins, elles peuvent servir d’outil, par exemple, pour l’organisation des recherches.

Conseil no 3 : Ne transigez pas sur les recherches

Ce n’est pas pour rien qu’on parle de journalisme d’investigation ! Les recherches sont primordiales dans tout travail journalistique et Puja a donné une courte présentation sur son processus afin de guider les étudiant·es pour leurs propres recherches.

Il en ressort notamment l’importance de garder le cap. Pour ce faire, Puja conseille de préparer une « logline », c’est-à-dire un résumé en une phrase de l’histoire qu’on souhaite raconter. Il vaut mieux aussi rester organisé dans ses recherches, que ce soit en suivant une logique thématique (selon un plan problème-matérialisations-causes-solutions, par exemple), chronologique, géographique, ou encore selon les protagonistes du récit que l’on souhaite raconter.

Si le processus de recherches n’est pas à négliger, il peut être long et fastidieux. Dans ce contexte, les recherches peuvent tourner à la procrastination… Il faut résister à cela ! Les recherches ne s’arrêtent pas lorsque l’on commence à rédiger. C’est pourquoi il faut en faire juste assez au début pour s’orienter avant de se lancer. Le reste pourra être complété par les recherches tout au long de la rédaction et même de l’édition.

D’un autre côté, le long processus peut aussi donner à certains l’envie d’abandonner. Encore une fois, il faut résister, développer une certaine résilience et ne pas perdre confiance en soi.

Conseil no 4 : Ayez confiance en vous

Beaucoup de journalistes vous diront qu’il faut du culot dans ce métier ; Puja n’y manque pas. Selon elle, il ne faut pas avoir peur du rejet ou de l’échec. Mais pas d’inquiétude ! Ce sont des qualités qui se développent avec l’expérience et après avoir essuyé d’innombrables refus. Puja confie même ne pas hésiter à harceler ses sources potentielles pour obtenir des informations ou un entretien.

Enfin, il est important de se réjouir des petites victoires. Par exemple, la publication d’un article sur un blog universitaire, même si c’est bien loin du New York Times, du Guardian, ou de Marianne, n’en est certainement pas moins gratifiante pour ces étudiant·es du cours de rédaction d’articles de presse.

N’hésitez donc pas à aller consulter le blog L’Anglomane. Les productions en cours seront disponibles à la fin du semestre.

Julie de Luzenberger Soutra, diplômée de la licence LLCER et de l'ESIT, et Adèle Bourlange, L1 LEA Anglais-Espagnol

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