15 novembre 2020
Le premier épisode de la série de séminaires intitulée « Genèse, illustration, traduction et prix littéraires autour de l’œuvre de Mohale Mashigo » organisée par IDEA a eu lieu en live sur la chaîne YouTube ARIEL ce jeudi 12 novembre. Il a réuni Véronique Tadjo et Julie Chansel autour du thème des livres pour la jeunesse et de la bande dessinée en Afrique du Sud.
Véronique Tadjo a expliqué l’origine et le questionnement derrière ses ouvrages pour la jeunesse centrés sur le continent africain. Elle s’intéresse notamment aux destins extraordinaires de personnes ordinaires, de Nelson Mandela et Graça Machel dans leur lutte pour la liberté à de simples enfants : « Nous avons chacun en nous des capacités à nous surpasser et c’est justement important que les jeunes ne pensent pas qu’ils ne peuvent pas faire la même chose, qu’ils ne peuvent pas s’élever à de telles hauteurs […] il ne faut pas en faire une exception et penser qu’on ne peut pas faire mieux que ce que l’on est ». Véronique Tadjo a également participé à un projet de livres pour enfants traduits dans les langues principales parlées sur le continent africain dans une tentative de créer un imaginaire commun panafricain. Elle a aussi évoqué l’expérience enrichissante de travailler avec des maisons d’éditions sud-africaines et les défis qui en émergeaient : un taux d’alphabétisation inégal, le manque de bibliothèques dans les écoles publiques, ainsi que le coût du livre encore trop élevé. Par ces thématiques variées, elle nous a fait voyager à travers le pays et les époques, tout en soulevant des questions culturelles, économiques et sociales liées aux livres et à la lectu
Dans une deuxième partie, Julie Chansel, journaliste indépendante, nous a parlé de la bande dessinée sud-africaine et de la place de celle-ci en Afrique du Sud. Elle a mentionné l’Institut Français d’Afrique du Sud (IFAS) et ses projets pour promouvoir la visibilité de la bande dessinée sud-africaine comme celui de faire une anthologie (travail en cours). Julie Chansel a aussi évoqué Mohale Mashigo et sa contribution à la bande dessinée Kwezi qui pour elle, est non-négligeable : « Kwezi c’est important car c’est le premier super-héros sud-africain et le premier super-héros noir. C’est important pour les jeunes sud-africains d’avoir des représentations positives dans la littérature et dans la bande dessinée ». Elle a aussi abordé l’évolution du genre à travers l’histoire du pays : d’un médium véhiculant des stéréotypes pendant l’apartheid, en passant par un courant transgressif de « bitter comics », il a peu à peu évolué avec le travail de caricaturistes comme Zapiro qui l’ont utilisé pour dénoncer la politique dans les années 80. La BD sud-africaine a toujours eu une finalité éducative et cet héritage se ressent encore aujourd’hui. C’est cette richesse du genre et de ses acteurs en Afrique du Sud que Julie Chansel a partagée pendant son intervention.
Les deux intervenantes ont également échangé entre elles sur le futur de la bande dessinée sud-africaine, notamment sur les difficultés d’édition et les possibles alternatives comme le numérique. Ce séminaire a donné lieu à de nombreuses interactions avec le public grâce aux commentaires postés sur la chaîne YouTube. Une équipe dynamique a pu relayer les questions de l’auditoire et ainsi rendre ces interventions vivantes et constructives malgré la distance.
Ce premier épisode est à retrouver sur la chaîne YouTube Ariel en attendant le prochain, toujours diffusé en live le jeudi 19 novembre à partir de 17h30.
Pauline Charrier et Delphine Rapenne, M1 Mondes Anglophones
