« La nécessité impérieuse de la poésie » : Laura Fusco à Commercy

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Laura Fusco

 

10 novembre 2019

Mercredi 6 Novembre, Laura Fusco a chaleureusement été accueillie par la librairie de Commercy où elle a conquis et intéressé le public avec les lectures de son recueil Limbo. Quatre poèmes ont été lus d’abord en italien par Madame Fusco et ensuite en français par Madame Montel-Hurlin, professeure de classes préparatoires au Lycée George de La Tour à Metz. Deux voix tout à fait intéressantes pour interpréter les textes choisis : d’une part l’émotion de l’auteure avec ses rythmes et ses silences et d’autre part la langue française qui, dans la traduction, a réussi à transmettre la mélodie et les sentiments de cette œuvre transalpine et cosmopolite.

Le premier poème a donné aux auditeurs un aperçu de l’œuvre de Laura Fusco. Elle a commencé à écrire Limbo en puisant l’inspiration dans les récits des femmes migrantes qu’elle a rencontrées à Calais. De nombreux poèmes de ce recueil traitent notamment des voyages des migrants, des paysages, de l’attente et de toutes les difficultés auxquelles font face les femmes et les hommes qui veulent rejoindre l’Europe. Les poèmes 'Sette come le vite dei gatti' et 'Macedonia o la Ragazza che sembra Medusa' ont illustré l’atmosphère de ces voyages et ont évoqué également leurs rêves ou leurs cauchemars ainsi que les espoirs de ces personnes déracinées. Laura Fusco précise que c’est un livre plein d’espoir : « le mot « rêve » est le plus présent dans mes poèmes ». Elle a été étonnée par la force de ces femmes qui perdent la notion du temps à force d’attendre dans des lieux inconnus, mais qui trouvent la force de continuer à avancer grâce à leurs enfants, contrairement aux hommes.

Un des poèmes lus se différenciait par des thèmes différents mais proches par leur inscription dans l’actualité : 'Spalle al muro' aborde aussi des évènements récents survenus dans les capitales européennes : grève, violence, terrorisme, l’Europe qui divise et refuse mais également l’Europe de ceux qui accueillent, la jeunesse, le futur, le progrès. Une question reste en suspens : « Que restera-t-il / après ? ».

Le public s’est montré particulièrement attentif et intéressé par le travail de la poétesse et de nombreuses questions lui ont été posées. Tout d’abord, trois jeunes lycéennes du lycée Henri Vogt de Commercy l’ont interrogée en italien à propos de ses sources d’inspiration, de ses rêves d’enfance mais aussi sur les voyages et sur la place de la poésie dans sa vie. Laura Fusco a donc expliqué qu’elle voyageait beaucoup pour son travail. Elle adore rencontrer de nouvelles personnes, connaître la diversité des cultures et des pays parcourus. Si elle est très soucieuse des hommes, elle est également très sensible à la nature. C’est de là que lui vient aussi l’inspiration pour ses poésies. Elle a également précisé que son art est indissociable de son quotidien. Elle ne pourrait pas vivre sans et elle a fait sienne la devise de Rainer Maria Rilke de « la nécessité impérieuse » de la poésie dans sa vie. Il lui est parfois nécessaire de s’enfermer pendant plusieurs jours chez elle, à Turin, pour pouvoir se concentrer et mettre ses textes en forme.

Certaines personnes lui ont aussi demandé comment étaient reçues ses poésies en Italie mais aussi dans les pays à forte émigration. La poétesse nous a confié que ses poèmes étaient tout aussi appréciés par les autochtones que par les émigrés mais qu’en Italie l’atmosphère était plus lourde et que le pays était moins tolérant qu’auparavant. Selon elle, « La mémoire doit être conservée » et il ne faudrait pas oublier que l’Italie fut surtout une terre d’émigration plutôt que d’immigration. Il a été fait le point sur la situation difficile de l’Italie face au flux des migrants. En effet, beaucoup arrivent sur les côtes du pays et l’Italie se sent abandonnée par ses voisins. En Italie, il y a toutefois encore beaucoup de solidarité et beaucoup de bénévoles apportent leur aide au quotidien.

Pour finir Laura Fusco a ajouté que son œuvre n’est pas politique, qu'elle souhaite simplement donner une voix à ceux qui n’en ont plus et sensibiliser le public à ce sujet.

Claire Burnet, L2 LLCER Bilangue

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Laura Fusco à la librairie commercienne