Jan Carson rencontre les étudiants de l'IUT Nancy-Charlemagne

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Jan Carson

Atelier d’écriture à l’IUT Nancy-Charlemagne

Lundi 24 octobre dernier, l’auteure Nord-Irlandaise Jan Carson s’est rendue à l’IUT Nancy-Charlemagne. Cet événement s’est déroulé en deux temps : une conférence lors du CLACH (Café Littéraire Amateur de Charlemagne), suivie d’une rencontre avec de futurs libraires.

La première intervention de l’auteure était ouverte au public : personnel universitaire et étudiants y étaient conviés, chacun pouvait y participer. Ayant grandi dans une Irlande divisée par les Troubles, Jan Carson s’est confiée sur différents aspects de sa vie à son public.

L’auteure a débuté cet échange en racontant à quel point ses parents, ancrés dans leur foi protestante, l’avaient protégée de ce conflit en la maintenant à l’écart de toute information. Elle a ainsi expliqué que cette ostracisation avait en fait nourri son envie de s’ouvrir au monde. C’est dans ces conditions austères que Jan Carson a trouvé sa voie : lorsque sa mère allait au magasin, l’auteure en profitait pour se rendre à la bibliothèque d’en face. Dès l’âge de 8 ans, elle avait déjà lu tous les livres pour enfants qui y étaient disponibles. L’auteure a certifié qu’à l’époque déjà, ses lectures lui avaient permis de réaliser l’importance qu’a le style d’écriture et à quel point les mots influencent une histoire.

Jan Carson a ensuite avoué qu’elle n’avait commencé à écrire qu’à l’âge de 25 ans, ce qu’elle qualifie elle-même d’assez tardif, confiant qu’elle craignait l’opinion des autres. Vivant dans une petite ville où tout le monde se connait, il lui a fallu beaucoup de courage pour se lancer dans son rêve. Comme beaucoup d’artistes, elle a dû commencer sa carrière en alternant écriture et petits jobs, car les nouvelles qu’elle écrivait à l’époque ne lui rapportaient que très peu.

L’auteure en a profité pour glisser une anecdote insolite sur son début de carrière. Elle a vécu quatre ans aux Etats-Unis, période durant laquelle elle avait fait croire à son entourage, collègues et amis, qu’elle était une écrivaine reconnue en Irlande du Nord, l’obligeant ainsi à écrire pour justifier ses dires.

Cependant, Jan Carson a finalement dû rentrer en Irlande du Nord, et elle décrit son retour comme un réel désastre : elle dépeint cette période comme la pire de sa vie. L’auteure vivait à nouveau chez ses parents, occupant un poste monotone dans un magasin de bougies. Cela ne lui plaisait pas du tout car son seul souhait était d’écrire, ce qu’elle a continué à faire pendant son temps libre, s’épanouissant dans cette voie. C’est alors qu’elle a terminé l’écriture de son premier roman, le premier d’une liste riche. Jan Carson est ensuite revenue sur sa bibliographie et a présenté chacun de ses ouvrages, allant des nouvelles aux romans.

Elle a notamment parlé de l’une de ses premières publications Children’s Children, une collection de nouvelles qui reflète ses débuts ainsi que le développement de sa prose. Elle a confié qu’elle n’en était pas vraiment fière, mais qu’elle y était tout de même attachée, car cette collection reflétait l’évolution de son travail et la qualité de ses efforts. Cependant, à cause d’une maison d’édition abusive, Jan Carson a perdu tous les droits sur son œuvre, ne touchant ainsi aucun revenu pour son travail. Elle semble pourtant déterminée à les regagner, actuellement engagée dans un combat judiciaire. L’auteure fait comprendre pendant cette conférence que cet abus a affecté sa confiance en elle à l’époque, ce qui s’est reflété sur son travail. Children’s Children lui est très précieux car c’est ce livre qui lui a permis de lancer sa carrière, selon elle. Cependant, après sa publication, notre auteure en résidence a avoué avoir souffert du syndrome de la page blanche. Elle qualifie ainsi l’imagination comme un muscle, et s’était alors lancé le défi d’écrire une nouvelle par jour, pendant un an. C’est à travers ce challenge qu’elle créé l’un de ses concepts phares, les « postcard stories », de courtes nouvelles écrites au dos de cartes postales. Avec l’objectif d’en écrire une par jour, elle en écrira finalement plus de deux mille.

L’auteure est également très attachée à son roman The Fire Starters, puisqu’il se déroule dans un Belfast en conflit, à l’image de celui de son enfance. Il a également reçu un prix littéraire européen, ce qui a beaucoup aidé sa carrière : elle a visité 32 pays pour donner 650 conférences afin de promouvoir son roman.

Jan Carson a ensuite insisté sur l’impact du confinement sur sa carrière d’auteure. Trois de ses œuvres ont été produites pendant cette période : une deuxième collection Postcard Stories, The Last Resort, pour lequel elle dit n’avoir eu que six semaines d’écriture, ainsi que The Raptures, sa dernière publication en date. Ce qui est intéressant avec ce dernier, a précisé l’auteure, c’est qu’il mélange humour et tragédie, ce qui n’est pas courant en littérature d’après elle.

Une anthologie rassemblant plusieurs nouvelles, A Little Unsteadily Into Light, est sorti en septembre 2022. Jan Carson a expliqué qu’elle n’en était pas l’auteure à proprement parler mais qu’elle avait supervisé la publication de l’ouvrage et soutenait les quatorze écrivains qui y avaient contribué. Cette anthologie aborde un thème cher à notre auteure en résidence : la démence et les défis à relever pour les personnes atteintes de troubles de la mémoire.

La conférence s’est ainsi terminée avec des questions du public, notamment centrées sur ses prochaines œuvres ou sa manière de travailler.

Pour la deuxième intervention de l’auteure, Emmy Peultier, la responsable du cours d’anglais de ce groupe, avait demandé à chaque étudiant de préparer quelques questions, et mis en place un atelier d’écriture en lien avec le travail de l’auteure. Les participants avaient tous écrit une « postcard story » à partir d'une photo qu'ils avaient choisie parmi celles proposées par Emmy Peultier, et certains d’entre eux ont pu lire leurs écrits à Jan Carson, qui les a naturellement conseillés et félicités.

L’auteure a su captiver son public et lui communiquer différentes émotions, en partageant de nombreuses histoires et anecdotes de sa vie. Elle a ainsi ému les étudiants en parlant de son amour pour les livres, « Je suis toujours retournée vers les livres, la littérature est la chose la plus importante à mes yeux ». La lecture était une échappatoire pour elle durant cette période conflictuelle en Irlande du Nord.

Jan Carson a ensuite parlé de l’importance de son entourage et de son équipe. Elle a remercié Kate, son agent sans qui elle ne serait rien, Alice, son éditrice chez Penguin, Irene son artiste couverture, et David, qui tient sa librairie préférée à Belfast : NoAlibis.

Avant de passer aux questions des étudiants, L’auteure a livré son ressenti vis-à-vis des librairies, et a conseillé ces futurs libraires en se basant sur son expérience personnelle. Jan Carson a expliqué qu’elle avait passé des journées et nuits entières dans la librairie NoAlibis à tisser de réels liens avec les libraires, qui sont devenus une famille pour elle, chez qui elle a toujours pu, et pourra toujours trouver refuge. Ses conseils les plus importants pour les étudiants souhaitant devenir libraires et bibliothécaires étaient de toujours soutenir leurs clients, s’intéresser à eux, de lire, et d’encourager les écrivains. Jan a confié qu’elle ne serait pas où elle est aujourd’hui, si elle n’avait pas rencontré David et fréquenté NoAlibis comme elle le fait quotidiennement chez elle.

Les étudiants ont ensuite posé des questions à l’auteure, la plupart portant sur ses conditions de travail, ses sources d’inspiration, ses voyages et ses préférences en termes d’écriture.

Pendant cet échange, de nombreux étudiants qui aiment écrire se sont également manifestés, à la recherche de conseils pour s’améliorer. Jan Carson leur a alors certifié que la lecture était essentielle, nécessaire, et indispensable pour tout écrivain : lire et écrire sont les clés de l’amélioration.

Les deux interventions de Jan Carson à l’IUT Nancy-Charlemagne étaient enrichissantes pour tous, basées sur un échange constant entre l’auteure et son public. Les étudiants en sont ressortis avec des conseils pour s'améliorer personnellement, et espèrent pouvoir à nouveau interagir avec Jan Carson.

Diane Deremarque et Aglaé Chabbert (L2 LLCER Anglais)

Photographies prises par Léonor Bourger (M1 Langues et Sociétés)

 

Visit at IUT Nancy-Charlemagne from 10:00 to 12:00 on October 28th, 2022

During this two-hour meeting with author Jan Carson, students were able to discuss their future career path: literature and books. Some students - all future librarians - read short stories that they had written based on the picture they had chosen, and had the chance to discuss them with Jan. Jan herself read some of her postcard stories to them, told them about her inspirations and how she came to write some of her novels. She particularly talked about the place of libraries in her life and heart, which led to an interesting dialogue between students and author.

Alicia Quack (M1 Mondes Anglophones)

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