Le jeudi 8 décembre 2022, nous avons accompagné Jan Carson au lycée Jeanne d’Arc de Nancy dans le cadre de la résidence ARIEL. Elle devait, et ce durant l’après-midi, échanger avec les élèves de la classe internationale.
L’intervention a été divisée en deux parties. Deux heures ont d’abord été consacrées aux classes de première, avec des élèves âgés de 16 ans. La deuxième partie a ensuite concerné les élèves de Terminale ayant entre 16 et 18 ans. Jan a pu profiter de cet échange enrichissant avec les plus jeunes pour parler de son père, pasteur, et de l’habitude familiale : partir faire des courses chaque mercredi. Pendant que ses parents allaient dans les marchés, elle était envoyée à la bibliothèque, et lisait des livres dans la section jeunesse. Au fil du temps, elle les a tous lus. Elle a grandi dans une Irlande marquée par la guerre, l’armée et les bombes. C’est lors de son premier voyage, à Portland aux Etats-Unis, qu’elle s’est réellement sentie libérée. C’est pour cela que l’intrigue de son premier roman se tient aux États-Unis, car elle était nostalgique.
Elle a aussi pu rassurer les élèves, qui pour la plupart veulent se tourner vers des métiers artistiques. Jan a expliqué qu’il faut apprendre de ses erreurs, et qu’aucune expérience n’est négligeable. Pour sa première histoire, elle a seulement été payée 3 $, alors que pour sa huitième publication, elle a remporté un prix européen (EU Prize for literature en 2019 - pour The Fire Starters, traduit aux éditions Wespieser sous le titre « Les Lanceurs de Feu »), a pu visiter plus de 40 pays comme l’Inde, les États-Unis, l’Australie, l’Indonésie ou encore la Nouvelle-Zélande, et a vu son livre être traduit dans 14 langues. Avec une pointe d’humour, Jan Carson lance « Kill your mother before writing ». Une façon pour elle d’expliquer à un public jeune que le principal est d’écrire pour soi-même : quoi qu’ils fassent, ils ne plairont pas à tout le monde. Jan tire son inspiration de tout. Elle n’a pas de télévision et n’écoute pas non plus de musique, ayant été presque dégoûtée par le master sur Bob Dylan qu’elle a fait. Elle va cependant au cinéma au moins trois fois par semaine. Ses univers préférés restent ceux de James Bond et d'Alfred Hitchcock. Elle renouvelle constamment ses expériences : elle vient par exemple d’écrire son premier livre pour enfant, et elle prépare pour cette nouvelle année une pièce de théâtre.
Pour chacun des deux niveaux du lycée, Jan a souhaité, à partir d’une photo de quatre enfants, éveiller l’imagination des élèves en leur demandant de créer un personnage, un nom, une date, une passion. Notre personnage était tout trouvé : Il s’appelle Samuel, il a 12 ans. Immigré, il adore le football et son vélo. Comme les lycéens, nous avons écrit une histoire à notre personnage. Comment le personnage se voit-il ? Comment est-il vu par les autres ? Une fois ces questions répondues, Jan nous en a redonné une longue liste : Quel est son meilleur atout ? Son pire défaut ? Ce qu’il veut le plus au monde ? Ce qui l’effraye le plus ? C’est avec ces informations que nous étions chacun chargés de créer une histoire, tout cela à partir d’une simple photo en noir et blanc. On appelle cela l’Ekphrasis, le fait d’écrire autour d’une photo. Dans un sens moins général, c’est un terme littéraire décrivant le moment où les artistes parlent d’art.
L’après-midi s’est conclue par une lecture de certains textes rédigés par les élèves, tous aussi intéressants les uns que les autres selon Jan.
Thomas Chiarazzo, L2 Histoire, et Pauline Dillenschneider, L1 Etudes Culturelles