Jeudi 19 janvier matin, Jan Carson s’est rendue à la MJC Lillebonne pour animer un atelier d’écriture auprès de jeunes personnes venant de pays différents. Ce fut un réel moment de partage, un temps pour chacun de raconter sa propre histoire. Cet échange avec des personnes venant de tout horizon (Brésil, Yémen, Guinée, Cambodge, etc.) a montré une fois encore que l’acte de raconter des histoires transcende les frontières géographiques et permet de surmonter (bien que parfois plus ou moins difficilement) les barrières de langage.
Afin de lancer la conversation, Jan a proposé un tour de table. Il ne s’agissait pas de simplement de se présenter en disant son prénom mais de raconter l’histoire de ce dernier. Derrière presque tous les prénoms se cache une histoire : une histoire étymologique, une histoire culturelle, une histoire familiale, ou plus simplement, une anecdote amusante, un souvenir personnel.
Après ce tour de table, Jan a pris le temps de raconter sa propre histoire : celle d’une enfant grandissant dans un climat de guerre civile, celle d’une adolescente passionnée de lecture, celle d’une jeune femme écrivaine dans une famille protestante qui considère l’art comme un péché, celle d’une autrice aguerrie confrontée au syndrome de la page blanche. C’est la sincérité et la simplicité de Jan qui a créé une atmosphère de partage et de confiance, permettant à chacun de raconter sa propre histoire ; car comme le dit Jan, nous avons tous une histoire à partager et chacune de nos histoires est pertinente et mérite d’être écoutée.
Cependant, ce n’est pas toujours chose aisée de raconter son histoire. On ne sait, par exemple, pas toujours par où commencer. C’est pourquoi Jan a suggéré de raconter l’histoire d’un objet cher à chacun (que ce soit une paire de converses vertes achetées il y a 30 ans ou une boule à neige offerte lors d’un premier voyage à l’étranger) et d’expliquer l’importance et l’impact de ce dernier dans nos vies. Je ne parlerai pas ici de toutes les histoires qui ont été partagées car ce serait briser la confiance, le respect et l’intimité de cet atelier hors du temps et de l’espace.
Lors de cet atelier, Jan nous a également parlé de ses sources d’inspirations. Elle nous a expliqué comment de petites choses comme une phrase dans un journal, une conversation entendue dans un café, ou un tableau observé dans une galerie, peut devenir une histoire. Pour illustrer cela, elle nous a d’ailleurs raconté comment elle avait trouvé l’inspiration pour le roman qu’elle est en train d’écrire et nous a même montré l’intérieur de son carnet dans lequel elle le prépare, mais je n’en parlerai pas plus ici car c’est un secret que nous avons tous juré de garder.
Jan nous a également dit que de nombreuses histoires se cachaient dans les scènes de la vie quotidienne et qu’il suffisait de bien observer notre environnement pour trouver une idée. Elle a même déclaré que, si nous passions une heure à regarder par la fenêtre de la MJC, nous trouverions forcément une histoire à raconter, que ce soit des gens qui se disputent, une personne dont le style vestimentaire se distingue de celui des autres, ou deux voitures qui se percutent. Elle ne croyait pas si bien dire puisqu’en quittant ce lieu sur les coups de midi, nous sommes innocemment passées devant une voiture garée sur le trottoir : le même modèle et la même couleur que celle avec laquelle Jan avait appris à conduire ! Ne serait-ce pas là encore le début d’une toute nouvelle histoire ?
Pauline Schwaller, M2 Mondes Anglophones
